30/05/2014
Le thème de la Table d’émeraude (ou Tabula Smaragdina) et de ses secrets, est toujours demeuré une énigme pour les chercheurs, qu’ils soient alchimistes, astrologues ou hermétistes. Cette recherche, comme toutes celles qui touchent à l’Initiation fondamentale a fait couler beaucoup d’encre. Avec sa fameuse phrase : « Ce qui est en haut est comme ce qui est en bas… », elle permet au lecteur de pressentir qu’une grande sagesse y est cachée. Avec ses codes volontaires abstrus et ésotériques, cette Table d’émeraude résume le mystère de la Création révélé à celui ou celle qui parvient à en découvrir le secret. Mais comment ?
Le texte qui suit date de 934. Il est peu connu et offre, à mon sens, de grands éclaircissements à cette Quête. Apollonius de Tyane Grand Mage et Grand Adepte, est le héros symbolique de ce scénario initiatique. Voici ce qu’Il nous dit :
« Je ne possédais rien. Or, il y avait là une statue de pierre reposant sur une colonne d’or, où on lisait : « Vois ! Je suis Hermès, celui qui est triple en Sagesse. J’ai placé en évidence et aux yeux de tous ces signes merveilleux, mais ensuite je les ai voilés par ma Sagesse afin que personne ne parvienne à eux sinon un sage comme moi. » À l’endroit de la poitrine de la statue, on lisait dans la langue originelle (le syriaque) : « Celui qui veut apprendre à connaître les secrets de la création et la nature, qu’il regarde sous mon pied. » Mais les gens ne comprenaient pas ce que cela signifiait ; ils avaient coutume de regarder sous son pied — et ne voyaient rien.
J’étais encore jeune, et faible en esprit ; mais quand ma nature spirituelle se fut fortifiée, je lis ce qui était écrit sur la poitrine de la statue, réfléchis à ce que cela pouvait signifier, et creusai sous cette statue-colonne. Et voilà que je parvins dans une chambre souterraine pleine d’obscurité, dans laquelle aucun rayon de soleil ne pénétrait — bien que celui-ci fût juste au-dessus —, et dans laquelle des vents se soulevaient et n’arrêtaient pas de souffler. […] À cause de l’obscurité je ne pouvais pénétrer, et aucun flambeau ne résistait à ces vents. J’étais impuissant, mon chagrin était vif, et le sommeil s’empara de moi tandis que mon cœur était soucieux et que je réfléchissais aux difficultés dans lesquelles je m’étais engagé.
C’est alors qu’un vieillard m’apparut, qui m’était semblable par la forme et l’apparence. Il me dit : « Ô Apollonius ! Lève-toi et entre dans cette chambre afin d’accéder à la connaissance des secrets de la création, pour parvenir à une représentation de la nature! » Je répondis : « Je ne vois rien dans ces ténèbres, et les vents qui y soufflent éteignent toute flamme. »
Il me dit alors : « Ô Apollonius, place ton luminaire dans un récipient de verre […] » Je dis : « Qui es-tu toi qui me fais profiter de ce bienfait? » Il me dit : « Je suis ton propre être, parfait et subtil. » Alors je m’éveillai plein de joie, plaçai un luminaire dans un verre ainsi que mon être spirituel me l’avait ordonné, et entrai dans la chambre. Et j’y trouvai un vieillard assis sur un trône d’or, tenant dans la main une table d’émeraude verte sur laquelle était écrit : Voici le secret du monde et la connaissance de la nature. Et devant lui se trouvait un livre où on lisait : Ceci est le secret de la création et la connaissance des causes des choses. »
Ce texte cache de grands arcanes traditionnels. Il nous indique que le secret de la Table d’Emeraude réside au plus profond de nous-mêmes, et est accessible à celui ou celle qui parvient à se dépouiller de la pression de sa nature animale, pour accéder au Soi spirituel. C’est là toute la Quête offerte par l’Enseignement hermétique.
Avec le cœur